Depuis quelques semaines, depuis que j'ai accompli le pèlerinage, je réfléchis à la manière d'écrire à ce sujet et de vous en faire une lecture agréable. J'ai choisi de le faire avec quelques photos sélectionnées et de vous raconter des anecdotes, de partager quelques belles histoires, quelques faits, les raisons pour lesquelles nous voulons faire un pèlerinage, comment nous préparer et quoi emporter pour ce voyage spécial. Ce n'est que mon humble expérience de pèlerin, et elle est combinée avec le sport d'endurance et les exploits, car je suis un coureur d'ultra longue distance, expérimenté. N'hésitez pas à me poser des questions ou si vous le souhaitez, simplement ajouter quelque chose, surtout si cela vient de votre propre expérience. J'espère que vous apprécierez la lecture, alors n'hésitez pas à commenter et à partager. Merci !
Le Camino Francés, ou Chemin Français, est l'itinéraire le plus populaire. Il est également connu comme le point de départ le plus commun, du Camino Francés à Saint-Jean-Pied-de-Port, sur le versant français des Pyrénées. Au départ de la France, dans le département des Pyrénées-Atlantiques, il traverse les communautés autonomes d'Espagne de Navarre, La Rioja, Castille-et-León et Galice sur environ 800 km.
LES RAISONS POUR LESQUELLES
Une raison sentimentale : Mon cher père Fernando est né à León. Malheureusement, il est parti trop tôt et je n'ai pas eu le temps de le connaître. Mais tout ce que j'entends de ses frères et sœurs, c'est qu'il était un héros. Il se souciait toujours des autres et était généreux. Il travaillait dur. Il avait un grand cœur. Je n'ai même pas eu le temps de lui donner un nom. Comment l'aurais-je appelé quand j'étais enfant ? Il avait 4 frères et 4 sœurs et était le premier. Il est aussi le seul à être décédé. Quand j'étais enfant, je ne pouvais pas entendre parler de lui et je ne faisais que pleurer. Aujourd'hui, et depuis quelques années déjà, je demande toujours de ses nouvelles à tous ceux qui l'ont connu et je veux en savoir plus. Ces moments sont désormais toujours beaux. Cela fait déjà 48 ans. Mon frère Tony n'a vécu que 19 ans mais au moins, j'ai pu vivre de grands moments avec lui et garder de chers souvenirs. Alors que je rendais visite à ma famille sur le chemin de Saint-Jacques, je leur ai montré la photo et leur ai dit que Tony et Fernando étaient constamment avec moi. Ce Camino leur est dédié.
Une raison saine : La course à pieds est mon sport. Le trail plus précisément, pas l'asphalte. Et surtout les efforts plus longs, de préférence en montagne, et les ultra longues distances. Le format du parcours était idéal pour moi, long et vallonné. La préparation a été la clé pour y parvenir, et je me suis entraîné de la même manière que si j'allais courir une course de 160 km. Je m'entraîne habituellement pendant 12 semaines, mais cette fois-ci, je n'ai eu que 8 à 10 semaines pour me préparer. L'entraînement s'est bien passé et je me sentais totalement prêt avant de commencer. Mon premier objectif était de terminer le Camino Francés (800 km). Et si j'avais le temps, et que mon corps me le permettait, je ferais au moins le Camino Fisterra (90 km) et enfin le Camino Muxía (30 km). Mon temps sur le chemin était également limité, en raison de mes propres vacances. Courir était également ma meilleure option, pour le terminer dans un temps raisonnable.
Une raison personnelle : celle-ci ne m'a rien révélé de nouveau. Mais elle a confirmé quelques éléments sur ma vie, ou plutôt sur la façon dont je vis ma vie, et de la manière dont je traverse les choses, en général. Sur le chemin de Saint-Jacques, j'ai réfléchi et je me suis dit : « Le pèlerinage de Saint-Jacques est le miroir de la vie, certains jours sont meilleurs que d'autres et chaque jour doit être vécu ». Dans ma vie, je ne regarde pas en arrière et j'assume toujours mes décisions et mes actes. Je suis rapide à prendre des décisions, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, ce sont mes décisions et je les assume. Je ne me positionne jamais en victime. Ce qui compte vraiment, ce n'est pas ce qui m'est arrivé, mais comment je vais le gérer. L'entraîneur espagnol Manolo Preciado a dit un jour la phrase suivante et je ne pourrais pas être plus d'accord avec lui.
"La vie m'a frappé fort, j'aurais pu être afaibli et finir par me tirer une balle dans la tête ou bien regarder vers le ciel et continuer. J'ai choisi la deuxième option." - Manuel Preciado
NUTRITION
Mon seul plan était de manger autant que je pouvais, et quand je le voulais, mais toujours avant d'avoir faim. J'ai mangé beaucoup de bocadillos, montaditos, tapas, tortillas, pulpo a la gallega, viande, poisson, fruits, etc. MIAM ! La région de Navarre était probablement la meilleure en termes de sélection, de saveurs et de qualité. C'est la beauté de l'Espagne ! La nourriture peut être complètement différente lorsque vous êtes dans une autre communauté autonome. Au début, j'ai pris des tablettes de sel, car les journées étaient encore chaudes, mais après 5 jours, cela a changé et je n'en avais plus besoin. Je n'ai pas mangé un seul gel et je n'ai pas bu de boissons électrolytiques. Pour moi, elles ne servent à rien pour l'endurance. Pour le sucre, j'ai bu un soda ou des bonbons du commerce. Désolé, mais il n'est pas nécessaire d'opter pour les "solutions sportives" chères et très commercialisées... Une barre chocolatée normale fait aussi l'affaire ! Les fruits naturels comme les bananes, les mandarines, la pastèque et le raisin sont fantastiques ! Les premiers jours plus chauds, j'ai bu presque 10-12 litres. A la fin, 3-5 litres ont suffi. Je me suis aussi permis de boire de la bière et du vin rouge. 1 ou 2 verres peuvent encore être considérés comme faisant partie de l'hydratation et peuvent aussi aider à une récupération musculaire plus rapide.
PRO TIP: Lors de votre visite à León, ne manquez pas de passer par le « Barrio Húmedo », à proximité de la cathédrale. Les bars servent différentes tapas. Demandez « Un corto » au bar et choisissez entre bière, vin blanc ou vin rouge. Vous recevrez gratuitement une délicieuse tapas différente dans chaque bar !
SOLITAIRE OU SOCIAL ?
Comme je l'ai expliqué plus tôt, le Camino est le miroir de la vie. Vous pourriez vous retrouver, ou être piégé, dans des situations auxquelles vous ne vous attendiez pas, et vous allez très probablement agir de la même manière que dans votre vie. Mais vous pouvez aussi décider de changer et d'apprendre à dire « non » pendant votre pèlerinage. Personnellement, je suis une personne très sociable. D'une certaine manière, celà m'a manqué d'être avec des gens et de partager quelques kilomètres avec eux, car j'étais le seul coureur... Mais j'aime la solitude, surtout quand je cours.
Les gens sur le Camino ont tendance à se lever tôt et à faire 1 étape par jour, à marcher 20-25 kilomètres et arriver à destination vers midi. Ensuite, ils visitent les lieux et les églises, et y passent l'après-midi. Mes journées commençaient entre 06h00 et 08h00 et duraient 8 à 11 heures, en faisant 2 à 3 étapes par jour. Je rencontrais des gens le matin, beaucoup moins après le déjeuner et presque personne l'après-midi. Le défi était aussi qu'il n'y avait plus de place pour moi dans les auberges, et j'ai dû souvent aller à l'hôtel. Une bonne astuce consiste à s'arrêter avant ou après les étapes recommandées, qui sont beaucoup moins fréquentées. Un soir, j'ai eu une auberge rien que pour moi, totalement vide, pour seulement 8€ !
Voici un article intéressant que j'ai écrit en 2020 sur Strava, « Mindful Running », running in full awareness, (seulement en anglais) où j'explique comment je me connecte mentalement avec mon corps pendant que je cours.
MATÉRIEL
Si vous vous demandez ce que vous devez emporter avec vous en pèlerinage, cela signifie peut-être que vous n'êtes pas encore prêt. Vous devriez être capable de faire une liste claire de ce dont vous avez besoin, ou pourriez avoir besoin. Partez pour une randonnée de 3 à 5 jours dans votre région et vous remarquerez immédiatement ce qui est nécessaire et ce qui ne l'est pas ! Beaucoup de pèlerins y vont, totalement impréparés. Trop de poids dans le sac à dos, des chaussures trop lourdes, trop de vêtements, etc. Mon sac à dos pesait 4-5 kilos maximum, dont 1 litre d'eau et de nourriture. Je n'avais que le minimum nécessaire et un kit d'urgence. Avec toute mon humilité, je peux me vanter que la seule chose que je n'ai pas utilisée, c'était mon kit d'urgence ! Je faisais la lessive tous les 2-3 jours et je réutilisais parfois des choses. Oui, j'ai de la chance de ne pas beaucoup transpirer et, à ma connaissance, je ne sens pas trop mauvais non plus.
L'une des plus grosses erreurs que j'ai vues, concerne les chaussures. Les pèlerins marchent avec des chaussures de randonnée... et après 3 à 5 jours, ils finissent par en acheter de nouvelles, et finissent par porter des sandales ! Il existe un entre-deux qui s'appelle des baskets. Elles sont légères, respirantes et protègent vos pieds au lieu de les blesser. Achetez-les une taille au-dessus et utilisez-les sur quelques centaines de kilomètres avant. Si elles vous font encore mal, changez de marque.
"Une des clés importante du succès est la confiance en soi. Une des clés importante de la confiance en soi c'est la préparation." - Arthur Ashe
LA MÉTÉO
Le temps peut évidemment être aléatoire. Je n'y suis pas allé à d'autres saisons, mais je pense que l'automne est une bonne période pour le pèlerinage. Des températures bien plus agréables qu'en été, et encore assez chaudes pour ne pas emporter trop de vêtements. Beaucoup moins de monde aussi, et plus d'espace dans les auberges.
Je dirais que les températures ont été de 12 à 25 degrés Celsius pendant les 2 premières semaines d'octobre. Il a plu deux jours lors de la traversée de la "Meseta Central" et il a plu presque tous les jours en Galice, mais c'était agréable.
Ce jour-là, nous avons été frappés par la tempête et l'ouragan Kirk. Des vents de 60-80 kilomètres par heure, des arbres tombés et des vents de face ! Nous avons entendu dire que les autorités étaient très proches de refuser l'accès aux pèlerins et de leur recommander de rester à l'intérieur. Ce jour-là a été le seul jour où je n'ai pas couru. J'ai marché et j'étais content de partager la journée avec un charmant couple de Français. Je me sentais plus en sécurité de ne pas être seul là-bas. C'était ma journée la plus sociale après tout !
Castrillo Matajudíos, 8 octobre 2024 – Je ne regarde jamais en arrière dans ma vie, mais ce jour-là, je l’ai fait. Je montais la colline et en arrivant au sommet, je vois un groupe de 4 pèlerins partir. Je regarde en arrière, le paysage semble dramatique. La tempête commence et je trouve un abri. Je pleure toutes les larmes de mon corps pendant 15 à 20 minutes. Quand je m’arrête, la tempête est terminée. Fernando et Tony ont veillé sur moi, j’ai pu sentir leur présence et leur protection, et tout mon corps est couvert de chair de poule.
CONNAIS-TOI
Ce type argentin est une légende, et il en était à son 12ème Camino et il a déjà combattu et gagné 2 cancers ! 9 fois le Camino Francés complet et 2 fois le Camino Portugais. Il m'a remis à ma place tout de suite et j'ai vite eu l'impression que je n'étais rien ! Une personne tellement inspirante.
Je pensais honnêtement que mon pèlerinage serait beaucoup plus difficile, surtout le fait que je devais recommencer chaque jour. Mais mon corps a parfaitement répondu à l'effort. Surtout quand j'ai diminué le nombre de kilomètres par jour. 50-55 kilomètres quotidiens était le nombre approprié pour mon esprit et mon corps. Je n'ai pas eu une seule ampoule. J'ai eu 1 ongle noir, à cause de la descente vers Zubiri le premier jour et ses sentiers glissants. Mais un ongle noir n'est rien, et ne fait qu'un peu mal pendant 2 jours. Je n'ai pas eu de problèmes d'estomac. Aucune crampe. Et les muscles se sont régénérés pendant la nuit, je dirais à 90%. Mon esprit ne m'a joué aucun tour. Pas un jour où je me suis dit « je ne veux pas continuer ». Pour moi, les courses de 100 miles sont bien plus difficiles que ça. Aller dormir tous les soirs. Se reposer. Manger. Prendre une douche. Et commencer avec des vêtements propres est un gros avantage. J’aurais aimé souffrir un peu. Pèlerinage. Pénitence !
L'extraordinaire se trouve sur le chemin des gens ordinaires. - Paulo Coelho
"A MI MANERA"
Un pèlerinage est une expérience très personnelle. Faites-le comme vous le souhaitez, à votre rythme, seul ou accompagné. Apprenez à dire « non ». Soyez authentique et reconnaissant. Ayez un objectif, une raison de le faire. Profitez de chaque seconde, de chaque pas, de chaque kilomètre. Soyez présent, attentif. Souriez, pleurez, parlez, chantez, dansez, vivez l'instant présent. Et n'oubliez pas, c'est VOTRE Camino, il reflète votre vie, votre vie de tous les jours !
Un jour je reviendrai sur le Camino De Santiago, mais je préfère faire un autre itinéraire. Le Camino Ingles, le Camino Del Norte, le Camino Primitivo et le Camino Portugues sont les prochains sur la liste !
Merci de votre lecture, j'espère que vous avez aimé et n'hésitez pas à commenter et à partager si cela vous a plu ! Votre Guide - Dani
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Consultez les activités Strava du 3 au 19 octobre 2024 https://www.strava.com/athletes/24054128
LISTE DU MATÉRIEL UTILISÉ PENDANT MON CAMINO
Sac à dos Montane Gecko 40 litres
Protection pluie
Bâtons Black Diamond Carbon Z 130cm
Chaussures Altra Escalante 4
3 T-shirt Puma dry fit
3 x sous-vêtements techniques
3 x chaussettes Green go
2 x shorts Compressport + Millet
Gilet imperméable 10000 schmerbers + pantalon Evadict
Pantalon long Kalenji
Garmin Fenix 6x sapphire + câble
Bandeau Ultraks
Bob Salomon
2 x flasques 0,5L
Brosse à dents
Dentifrice
Fil dentaire
Couverture de survie d'urgence
Crème anti-abrasion NOK
Pansements Molnlycke
Compeed
Baume à lèvres Karmex
Ibuprofène
Paracétamol
Collyre
Antihistaminique
Bandage
Iphone + câble
Lampe frontale Lumonite + rechange Batterie + câble
Batterie externe + câble
Poncho de pluie
Parapluie
Crocs
Lunettes
Savon liquide 100 ml
Serviette Sea to Summit
Gants légers
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